Jeudi 21/10/2021
Après un report d’un an, les entreprises doivent publier leurs états financiers IFRS consolidés balisés avec tags iXBRL dans un document xHTML, pour les comptes annuels ouverts à compter du 1er janvier 2021. Il faut s’y mettre maintenant !
Entretien avec Thomas Verdin, vice-président d’XBRL Europe et expert BM&A
Quelle est aujourd’hui la priorité pour les entreprises à quelques semaines de la clôture des comptes ?
La priorité pour les entreprises qui découvrent le sujet est de sélectionner les « Tags XBRL » de la taxonomie qui correspondent à leurs états financiers. Bref de s’intéresser au mapping. Pour ce faire, les équipes peuvent mener une réflexion interne, parfois sur la base de propositions automatisées générées par les outils de marché, ou se faire accompagner par des experts pour faciliter et sécuriser l’analyse. Il y a aussi différents groupes de travail, dont le GT Mapping XBRL France. Ils permettent une meilleure compréhension des enjeux et partagent une veille sur les pratiques communes et les questions déjà tranchées.
N’oublions pas que la mise en place de l’ESEF est progressive. Cette première étape se concentre sur les tableaux primaires des comptes consolidés (généralement de 150 à 300 concepts à baliser).
LES CAC DOIVENT ÉMETTRE UNE OPINION
Une fois cette première étape franchie, quelle est la suite ?
Il faut bien anticiper l’inévitable goulot d’étranglement début 2022 et la période chargée de la clôture des comptes (pour ceux qui prennent fin au 31/12). Les Commissaires aux comptes (CAC) doivent émettre une opinion sur ce mapping. Donc, dès le mapping XBRL bouclé, les entreprises doivent se rapprocher de leurs CAC pour planifier une revue.
Et pour celles qui ont publié leurs comptes de l’an dernier au format ESEF ? Elles n’ont rien à faire ?
Elles ont déjà réalisé le gros du travail. Ces entreprises qui ont pris les devants gagnent quand même à se pencher sur les quelques évolutions (la taxonomie est un dictionnaire qui s’enrichit, et l’ESMA a publié une nouvelle version de son manuel technique), surtout pour les émetteurs qui ont modifié, même légèrement, leurs modèles d’états financiers. Il faudra échanger cette année aussi avec leur CAC, et anticiper ce rendez-vous, histoire de ne pas se faire surprendre en dernière minute, en période chargée quand les délais peuvent être serrés.
Toutes les entreprises devraient aussi réfléchir à plus long terme à l’URD digital. Au-delà de la contrainte réglementaire du tagging, l’ESEF apporte aussi un nouveau format pour la communication financière. Cela fait déjà longtemps que l’essentiel de la lecture de ces supports se fait sur écran. L’ESEF, c’est le format des pages web. On va pouvoir les faire évoluer pour qu’elles ne soient pas simplement lues comme du papier, sans fonctionnalités. Les émetteurs commencent aujourd’hui à se projeter et à chercher à améliorer la lisibilité et la transparence de ces supports financiers, dans le nouveau format ESEF.
FAIRE VIVRE CE FORMAT AVANT L’ARRIVÉE DE L’EXTRA-FINANCIER
Certaines entreprises, de plus en plus nombreuses, veulent déjà aller plus loin. Pourquoi ?
C’est vrai que nous commençons à voir des émetteurs qui réfléchissent aux prochains balisages, au-delà du minimum réglementaire. Leur objectif : produire des supports plus complets pour les machines et les robots, plus lisibles pour les humains. Elles se penchent sur ce qui est indispensable, utile à baliser pour faciliter l’accès à la donnée. Les entreprises cherchent ainsi à s’approprier le nouveau format et à le faire vivre au-delà du réglementaire. L’ESEF devrait très vite concerner aussi l’extra-financier (à l’horizon 2024), avec des normes et des convergences européennes en gestation. Autant dire que toute cette réflexion sur le balisage de la donnée financière est d’autant plus intéressante qu’elle servira aussi pour l’extra-financier.
PRATIQUE, PÉDAGOGIQUE ET EFFICACE
Par Matthieu Garat, Responsable produit transformation digitale chez Labrador.
Les entreprises qui s’appuient sur des logiciels pour préparer leur taxonomie et tags XBRL ont produit en 2021 des fichiers dont la qualité n’était pas toujours conforme. L’approche Labrador passe par l’accompagnement, avec de nombreux ateliers organisés par des professionnels. Les entreprises conservent ainsi toute la maîtrise du processus de choix et profitent de la pédagogie des ateliers pour comprendre tous les tenants et aboutissants de cette bascule. Tout se fait alors sur un simple tableau Excel. Une fois bouclé, le tableau est encodé par des professionnels et la technicité parfois rébarbative du sujet est évacuée. Les entreprises sont ainsi débarrassées de la complexité XBRL tout en maitrisant leur choix et résultat.
A savoir : Le mapping XBRL peut prendre de 6 à 12h de travail. Tout dépend de la taille et de la complexité de l’organisation de l’entreprise, mais aussi de son secteur d’activité.
Objectif : Boucler le mapping XBRL en novembre et prendre alors rendez-vous avec les CAC. Juste avant l’embouteillage !
Ne pas oublier : Bien penser à la version en anglais. Ce n’est pas obligatoire, mais quand on a des investisseurs internationaux, il est bien plus pertinent de proposer un document traduit avec les tags XBRL sur son site de relations investisseurs !
Propos recueillis par Beñat Caujolle
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