Jeudi 24/11/2022
En 2023, les entreprises vont devoir publier un reporting complet sur l’alignement de leurs activités et investissements sur la taxonomie européenne. L’occasion ici de faire le point et d’avancer quelques recommandations. À commencer par une plus grande utilisation au fil de l’URD des extraits du tableau réglementaire pour illustrer et crédibiliser les plans d’action.
Entretien avec Corinne Baudoin, Experte communication ESG et intégrée
- Les entreprises ont de nouvelles obligations en matière de taxonomie pour 2023. Quelles sont vos principales recommandations ?
Commençons par le début. Les entreprises vont devoir publier l’an prochain la part de leurs activités alignées sur la taxonomie, pour les deux premiers objectifs : adaptation et atténuation du changement climatique. L’an dernier, la publication portait sur les activités éligibles, cette fois-ci nous parlons d’un reporting complet des activités considérées comme durables sur le plan environnemental au sens de la taxonomie européenne. Autre nouveauté, le format de publication n’est plus libre : les émetteurs devront utiliser le tableau modèle CE présenté dans l’Annexe II de l’Acte délégué de la taxonomie.
« Donner du crédit à des choix stratégiques »
- Vos recommandations …
J’y arrive. Je partirais d’une conviction. Celle d’utiliser au fil de la DPEF des extraits de ce tableau réglementaire pour illustrer les actions mises en place. En procédant ainsi, les entreprises donneraient tout le crédit à des choix stratégiques. Prenons un exemple. Quand une entreprise affirme que son outil industriel est à l’état de l’art, et qu’il utilise les meilleures technologies disponibles, a priori cet outil industriel respecte les seuils techniques définis par la taxonomie. L’entreprise peut donc prouver son affirmation par un alignement d’une partie de son CA avec la taxonomie.
Autre exemple, un plan d’investissement peut se référer à des données de la taxonomie, et l’entreprise pourra ainsi assurer que X % de cet investissement contribue au respect des Accords de Paris.
- Le régulateur, mais aussi les investisseurs, ont relevé des disparités dans l’application de la réglementation. Que faire pour être plus clair ?
Il faudrait à mon sens insérer dans la section méthodologique qui figure normalement à la fin de la DPEF, une présentation fine de la méthodologie retenue et des raisons pour lesquelles des activités ont été écartées ou retenues. Par ailleurs, au sein même du fameux tableau de reporting complet sur l’alignement, il serait bon de faire le lien entre le nom des activités / métiers / business units utilisées par l’entreprise et l’appellation retenue par la taxonomie. Le rapprochement serait alors bien plus clair entre les appellations de place et celles de l’entreprise. Il y aurait une véritable concordance.
« C’est un grand pas que d’avoir accès à de la comptabilité analytique ayant une approche environnementale. »
Une plus grande clarté au bénéfice du lecteur
À commencer par les investisseurs qui se félicitent d’avoir désormais des données financières qui parlent de sujets extra-financiers. L’information commence à devenir plus accessible et utilisable pour leur compréhension des enjeux environnementaux. C’est un grand pas que d’avoir accès à de la comptabilité analytique ayant une approche environnementale.
Maintenant que les canaux d’information entre finance et RSE irriguent à large échelle l’entreprise, ils pourront faire circuler d’autres informations. L’AMF a d’ailleurs autorisé les entreprises à publier, avec prudence, des indicateurs alternatifs intégrant aussi finance et environnement (cf. Éclairages sur le premier reporting taxonomie des sociétés cotées – Novembre 2022). Du bon sens, quand on se rappelle que la taxonomie n’aborde qu’un tout petit aspect du sujet. Mais avant que ces informations soient standardisées, la transparence sur les méthodologies utilisées est indispensable
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Propos recueillis par Beñat Caujolle